Mes premiers conseils pour déchiffrer sans y passer des heures
Pas facile de s’y retrouver dans les listes des ingrédients quand on ne parle pas le latin couramment! Aujourd’hui, les appli simplifient la tâche mais elles ont le défaut de leur qualité: leur analyse, guidée par un algorithme, manque de finesse et de modération.
Voici des conseils pour déchiffrer ces listes qui peuvent parfois être très longues, et ainsi savoir ce qui se cache derrière vos cosmétiques !
Ce premier article, à considérer comme une première approche, sera suivi par un deuxième, qui fera le point sur les grandes familles d’ingrédients par type de produit, ceux à privilégier, et ceux à éviter, voire à proscrire!
Avant propos: la Liste INCI, qu'est ce que c'est?
« INCI » signifie International Nomenclature of Cosmetic Ingredients. Créée en 1973 par une association américaine, elle est obligatoire sur les produits cosmétiques depuis 1999.
Conseil n°1: concentrez vous sur les premiers ingrédients de la liste
Les fabricants ont l’obligation d’inscrire leurs ingrédients dans l’ordre de leur concentration. Un cosmétique étant souvent constitué d’eau, et d’huile pour les textures crémeuses, les 5 à 6 premiers ingrédients peuvent facilement représenter 90% du produit. Après arrivent tous les ingrédients en dessous de 1% , qui eux peuvent être présentés dans le désordre.
Evidemment, comme l’ordre des ingrédients inférieurs à 1% est laissé au libre choix des fabricants, la fin de la liste est composée « librement ». Ce n’est donc pas parce que un ingrédient est en fin de liste que c’est la plus petite concentration. C’est en général celle qu’on veut le moins mettre en avant parmi ces ingrédients à moins de 1%.
Parmi les ingrédients les plus courants en tête de liste d’une crème par exemple, on trouve l’eau et l’huile. C’est bien normal. Une crème, c’est comme une mayonnaise. Elle résulte d’un mélange entre un corps gras et de l’eau, liés ensemble par un émulsionnant. L’eau peut être de l’eau florale ou une infusion, dans ce cas l’eau est dite « végétale », et si elle est extraite d’un végétal bio, cette eau peut être certifiée bio si tant est qu’elle respecte un certain pourcentage de plante sèche utilisée pour l’extraction ou l’infusion (et d’autres critères dont je parlerai dans un autre post dédié à la certification bio). En revanche, l’eau minérale ne peut pas être bio. Pourquoi? Parce qu’elle est considérée comme un minéral et seuls les végétaux peuvent être bio.
Chez EKIA par exemple, les premières crèmes pour les peaux matures ont été formulées avec une eau minérale simple, car la sève « sang du dragon » ne supportait pas les eaux florales, très chargées en ions. Le choix entre la puissance de notre sève et les propriétés d’une eau florale avait été à l’époque très vite fait. Plus tard dans la vie de la marque, nous avons découvert que notre sève supportait bien mieux les infusions, et les produits développés après cette découverte intègrent des infusions soit de Bleuet, soit de Criste marine, soit du jus d’Aloe Vera. Et ont ainsi de ce fait des pourcentages de bio bien plus élevés.
A noter une différence importante entre le label BDIH et le label Cosmebio : le label Allemand BDIH exclut l’eau de ses calculs quand il calcule les pourcentages de bio d’un produit. D’où des pourcentages de bio bien plus élevés pour les cosmétiques certifiés bio par ce label, comparés à ceux certifié par le label français Cosmebio qui lui prend en compte l’ensemble de la formule pour calculer le pourcentage de bio. Ce qui peut expliquer parfois des pourcentages assez bas pour certains produits, en particulier quand le produit comporte beaucoup d’eau et peu d’huile (les émulsions très légères par exemple).
Pour aller plus loin sur les différences entre un produit conventionnel et bio, ou même entre un produit naturel et bio, je vous conseille le site de Cosmebio, en particulier cet article.
Conseil n°2: prenez du recul par rapport à la concentration des actifs
Attention cependant! Certains principes actifs sont volontairement à moins de 1% car il le faut pas trop les concentrer. C’est par exemple le cas de tous les anti-oxydants, qui, trop concentrés, deviennent pro-oxydants! Certains actifs sont également des extraits ultra concentrés de plantes, ou des molécules extraites de plantes dont la concentration finale a fait l’objet de tests précis. Les huiles essentielles (non utilisées dans les produits ekia en tant que principe actif mais présentes dans bien des soins bio) doivent aussi respecter une concentration précise.
A contrario, 1%, cela peut vouloir dire beaucoup pour un paraben, un PEG ou du phénoxyéthanol (conservateurs très controversés, voir l’article de Cosmebio à ce sujet ), ou encore du parfum (fragrance) et ses allergènes associés. Les allergènes, souvent placés à la fin (les plus fréquents: Linalool, Geraniol, Citronellol, Citral, Limonène, Cinnamal), doivent être indiqués dès 0.01% ! Donc de 0.99% à 0.01%, ils peuvent être à la fin des listes et pour autant ne pas être du tout au même niveau de concentration.
Chez EKIA par exemple, tous les actifs ont la même concentration que celle à laquelle ils ont été testés en efficacité (tests « in vivo », c’est à dire sur des vraies femmes, et avec de vraies mesures, pas uniquement des autoévaluations et des sensations… ). Les 3 allergènes qu’on retrouve le plus sont le Linalool, le Citronellol et le Citral, ils sont liés au parfum 100% naturel des produits et notamment de la gamme des démaquillants et sont tous concentrés entre 0.1 et 0.01% . Le pourcentage de parfum ne dépasse pas 0.3%
Conseil n°3: traquez la "gelée de pétrole" dans vos cosmétiques!
Vous voyiez « Paraffinum Liquidum » ou « Vaseline » en tête de liste ? FUYEZ! 😉
Blague à part, ce sont des huiles de roche, directement issue du pétrole, d’où leur joli surnom de « gelée de pétrole ». Au mieux du mieux, elles sont neutres pour votre peau. Au plus probable, elles sont occlusives et empêchent votre peau de respirer. Elles ne sont pas du tout biocompatibles avec votre peau, ce sont comme des « corps morts » totalement inutiles voire néfastes.
Préférez leur largement tous les ingrédients qui terminent par « seed oil », car ce sont des huiles naturelles (de toutes les sortes possibles, des plus répandues comme le sésame, le tournesol, argan, olive, noix du brésil, avocat, aux plus rares comme la sacha inci, la pracaxi, dattier du désert, souchet…etc). Si cet ingrédient est suivi d’un *, alors l’huile est certifiée bio, encore mieux pour votre peau et pour la planète car le végétal dont elle a été extraite n’aura pas été génétiquement modifié, n’aura pas subit de traitement, et n’aura pas grandi avec des pesticides (et donc pas de risque d’en retrouver en résidu dans l’huile extraite de ce végétal).
Attention cependant aux sirènes du marketing et du « green washing » : ce n’est pas parce que vous avez une huile végétale naturelle en tête de liste que tout le produit est naturel, ni parce que l’huile est bio que le produit est certifié bio. La certification Bio concerne l’ensemble de la formule et intègre bien d’autres aspects du produit que juste sa composition (procédé de fabrication, emballage, communication, etc). Aussi, mon conseil est de vous tourner vers des produits qui auront été certifiés par un organisme certificateur indépendant (comme Ecocert par exemple pour le label Cosmebio). Des mouvements comme la « Clean Beauty » partent d’une bonne intention de formuler des produits plus « propres », mais ils ne font pas l’objet d’une certification et le risque de dérive est très important !
Conseil n°4: appuyez vous sur des sites fiables pour vérifier les autres ingrédients
Comme annoncé au début de cet article, il sera suivi par un 2ème article, qui fera le point sur les grandes familles d’ingrédients par type de produit, ceux à privilégier, et ceux à éviter, voire à proscrire!
En attendant, des sites peuvent vous aider à déchiffrer les inci.
Je vous en recommande 3 :
La Vérité sur les Cosmétiques de Rita Steins
Tout d’abord le moins connu mais celui que je préfère: l’excellent site de Rita Steins, La Vérité sur les Cosmétiques, du même non que sont non moins excellent livre. Dans l’onglet « recherche inci », vous pouvez déchiffrer toute la liste INCI de vos produits en tapant les 3 premières lettres. Si vous cliquez sur « ajouter » ,tout notre produit se trouve petit à petit déchiffré au fur et à mesure que vous avancez dans les ingrédients.
Cosmetic Obs
Le site de Cosmetic Obs, le plus technique, propose le même genre de recherche inci.
INCI BEAUTY
Enfin, si je devais ne citer qu’une appli, ce serait INCI BEAUTY, sérieuse et bien documentée. Sur leur site, même genre de recherche INCI que sur les deux autres site. L’information sur les ingrédients est très complète.
A bientôt pour ce 2ème article plus poussé sur les familles d’ingrédients et ce à quoi prêter attention !